Alors que l’horloge avance d’une heure, l’arrondissement s’anime

C’est le dimanche 31 mars et le premier jour de l’heure d’été. Le 20e, volé d’une heure de sommeil, se réveille doucement malgré le grand soleil printanier. La nature, elle, s’active déjà; les arbres le long des avenues déferlent leurs feuilles vert fluo, et les cerisiers, forsythia, tulipes et jonquilles sont en plein spectacle.

A 10h au parc de Belleville, des photographes amateurs fixent leurs objectifs sur les primevères, les chats prennent leurs bains de soleil, les sportifs traversent les allées en courant ou se regroupent pour pratiquer du taï-chi. Le groupe des chinoises a sorti ses éventails blancs et roses ce matin. En haut du parc, au belvédère Willy Ronis, quelques touristes admirent la vue de Paris ensoleillé.

Les boutiques ouvrent leurs stores, les cafés installent leurs terrasses, et les fleuristes sortent leurs pots et bouquets. Les premiers clients rentrent chez eux pour mettre leurs fleurs à l’eau ou pour planter leurs nouveaux hortensias.

A 10h30, au marché rue des Pyrénées, le couscous mijote et les poulets tournent sur leurs broches. Les vendeurs de journaux, de fleurs, et d’herbes à la sauvette sont déjà en place. Derrière leurs étalages, les primeurs et bouchers papotent et blaguent avant l’arrivée de la foule. A cette heure ci, un jeune couple en trottinette arrive toujours à zigzaguer sur le trottoir, mais se font gronder par un vieux faisant ses courses: « C’est à se casser la tête ça! ». Dans peu de temps, les « Yallah! Yallah! » des vendeurs monteront en crescendo ainsi que le bourdonnement des terrasses de la place du Guignier, et le passage deviendra serré.

A 12h30, plus haut, au 150 rue de Ménilmontant, le brunch à volonté chez Benoît Castel est en plein boom, les bruncheurs sont au coudes à coudes sur les grands tables communes. Certains préfèrent prendre leurs pâtisseries et cafés à emporter, juste en face, au square des Saint-Simoniens. Dans ce square fleuri, entouré des immeubles de tout style, les conversations sur les bancs et les jeux de ballon sont déjà en cours.

En redescendant sur la rue des Pyrénées, en direction de la Mairie du 20e, les gens se pressent pour terminer leurs courses avant que certains commerces ne ferment pour un peu de repos dominicale. Il est presque 13h: on rentre vite déjeuner ou on cherche une dernière place en terrasse sur la place Gambetta, barricadée de partout à cause de réaménagement du rond point. Pique-nique en main, on peut aussi se joindre à la petite foule qui se forme autour de l’arrêt de bus du 26, direction gare Saint-Lazare, qui nous déposera au parc de Belleville ou à celui des Buttes-Chaumont.

On se presse pour profiter pleinement de ce beau dimanche de printemps, jusqu’à ce que le soleil se couche une délicieuse heure plus tard ce soir, à 19h19.