Deux américaines du 20e partagent comment elles célèbrent cette fête traditionnelle ici en France
Cette année, le Thanksgiving américain est tombé le 26 novembre. Mais la France étant toujours confinée à cause de la Covid, Olivia Kelley et Liz Schenck, deux américaines qui habitent dans le 20e arrondissement, ont du repenser leurs fêtes.
Observée aux États-Unis le quatrième jeudi de novembre, Thanksgiving est une sorte de fête de la récolte, où famille et amis se réunissent pour rendre grâce autour d’un grand repas. Différentes régions et familles ont leurs spécialités, mais le plat principal est généralement une dinde farcie à la mie de pain. Celle-ci est accompagnée de purée de pommes de terre, de sauce au jus de dinde et de légumes d’automne, comme la courge ou le maïs. Le dessert est généralement des tartes de saison, la classique étant celle à la citrouille.

Bien que la nourriture soit importante, l’accent de Thanksgiving est mis sur les proches et la gratitude, sans cadeaux. C’est ce qui en fait la fête préférée de nombreux Américains. Et sa présence dans les séries et films a sucisité la curiosité de nombreuses personnes en France.
« C’est une fête facile à partager parce que tout le monde aime être avec ses amis et manger un bon repas », dit Olivia, originaire de Salt Lake City et qui habite maintenant près du square des Saint-Simoniens. Charmée par Paris pendant un échange universitaire, Olivia est revenue après avoir obtenu son diplôme et vit ici depuis 12 ans maintenant. Elle a déménagé dans le 20e il y a trois ans et apprécie de vivre dans un quartier vivant et avec de la mixité socio-culturelle.
Olivia célèbre généralement deux Thanksgivings autour de la date officielle. L’un est une petite réunion traditionnelle avec une amie du Canada, où l’on fête Thanksgiving le deuxième lundi d’octobre. Le second Thanksgiving est une tradition vieille d’une dizaine d’années qu’elle partage avec un groupe d’amis français. Olivia prépare les plats qu’elle considère comme essentiels au repas partagé: une sauce aux canneberges et une tarte à la citrouille. « La tarte à la citrouille suscite des réactions mitigées », dit-elle, notant qu’en France, la citrouille est considérée comme un ingrédient plus salé que sucré. « Mais tout le monde aime la sauce aux canneberges ».
Tout en aimant partager son héritage culinaire, elle accueille avec plaisir la touche française de ses amis. « Ils font toutes sortes d’accompagnements créatifs et de desserts intéressants. Au lieu de faire une farce avec de la chapelure, ils font une farce à la viande et aux châtaignes. Ils sont plus fans de la purée de patates douces que de la purée de pommes de terre », dit-elle, admettant que « la seule chose qui me manque, c’est qu’ils n’aiment pas vraiment la sauce au jus de dinde », une sauce faite à partir du jus de cuisson épaissi avec de la farine.
Olivia a adopté l’ajout d’un plateau de fromage français, au cours duquel un invité fait un discours « parfois plus sentimental et reconnaissant, et parfois plus drôle ».
Liz, qui a fêté son premier Thanksgiving à Paris l’année dernière, a apprécié que ses invités aient également pratiqué cette tradition, en annonçant à tour de rôle quelque chose dont ils étaient reconnaissants.
« Ils ont aimé l’idée de se réunir avec leurs amis et leur famille pour rendre grâce. Beaucoup d’entre eux ont dit que ce serait bien si c’était quelque chose qui était célébré ici », dit-elle. Originaire d’Atlanta, Liz a vécu à New York pendant les dix dernières années et a souvent célébré Thanksgiving entre amis, « un Friendsgiving », comme on l’appelle maintenant. Liz est arrivée à Paris en septembre 2019 pour améliorer son français et a trouvé une colocation dans le quartier de Télégraphe.
« Je suis tellement heureuse d’avoir atterri ici parce que j’aime le quartier. C’est un très bon équilibre entre la tradition et la pensée créative et la recherche de nouveaux concepts », dit-elle. Elle aime aussi que les agents de sécurité de son supermarché la reconnaissent maintenant et lui disent bonjour.
En novembre dernier, Liz a expliqué le concept de Friendsgiving à sa colocataire française, qui a compris « Frenchgiving » et a immédiatement proposé qu’elles en organisent un. Leur Frenchgiving s’est avéré très français, en effet. « On a fait une grande soirée buffet partagé avec tous nos amis. Nous n’avons pratiquement pas eu de plat traditionnel de Thanksgiving, mais c’était vraiment bon », dit-elle, ajoutant qu’aujourd’hui cette fête semble si lointaine à cause de la Covid.
Avec le confinement, les célébrations de Liz et Olivia cette année seront plus petites et moins copieuses. « Je n’arrive pas à me motiver à faire une dinde entière juste pour deux personnes. Mais ce que je préfère de Thanksgiving n’est pas vraiment la dinde elle-même mais tous les accompagnements », dit Olivia, qui préparera un repas réduit avec son mari dimanche.
Liz fera sa fête samedi. Elle prévoit de préparer ses accompagnements préférés et une tarte citrouille-noix de pécan inspirée de la cuisine du Sud de sa mère. Sa nouvelle colocataire française, une corse avec des origines marocaines, préparera la dinde en utilisant des épices marocaines.
Thanksgiving, c’est « juste être avec des gens que j’aime, que ce soit des amis, de la famille ou un colocataire proche; partager de la bonne nourriture et, étant en France maintenant, du très bon vin. C’est un moment de pause pour apprécier le bon et le mauvais. Et d’être heureuse », dit Liz.